Prisoners : Denis Villeneuve et notre pire cauchemar – POLAR MAG

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Comme tout le monde, le réalisateur d’origine québécoise Denis Villeneuve sait que la peur d’être victime de l’enlèvement d’un enfant terrorise depuis toujours les parents de ce monde. Que feriez-vous si votre enfant était victime d’un enlèvement ? Dans ce film coup de poing, un père démontre qu’il ne reculera devant rien pour retrouver les responsables de l’enlèvement de sa fille. Le parcours sera évidemment très mouvementé !

La disparition d’un enfant: le contexte d’un véritable cauchemar

Dans la banlieue de Boston, deux fillettes de six ans, Anna et Joy, disparaissent pendant Thanksgiving. Le suspect numéro 1, interprété par Paul Dano-une fois de plus captivant dans le rôle d’un adulte attardé- est rapidement arrêté. Fautes de preuves, le détective Loki (un brillant Jake Gyllenhaal) doit le relâcher. Dépassé par la douleur et la colère, Keller Dover tente le tout pour le tout afin de retrouver sa fillette. S’ensuit une course contre la montre, jusqu’où ira un père victime de l’enlèvement d’un enfant ?

Un casting 5 étoiles, dirigé par un Denis Villeneuve en pleine forme

Le directeur Denis Villeneuve et l’écrivain Aaron Guzikowski ont provoqué un réel branle-bas d’émotions avec « Prisoners ». Doté d’un casting cinq étoiles, des nommés aux Oscars comprenant Hugh Jackman, Jake Gyllenhaal, Terence Howard, Maria Bello, Viola Davis, lauréate d’un Oscar, Melissa Leo et Paul Dano, c’est un thriller de mystère intelligemment construit et émotionnellement profond qui nous est très agréable à regarder.

Jackman, déjà nominé pour « Les Misérables » de Tom Hooper, a été la grande surprise de ce film. En donnant à son personnage la férocité que l’on peut retrouver dans son ancien rôle de X-Men, il martèlede sa force chaque scène, poussant le public à questionner la moralité de ses actes. Il se déchire dans des scènes comme nous ne l’avions jamais vu, et il donne à son caractère des couches d’émotions allant de l’affection, l’empathie, la douleur et la rage. C’est probablement un de ses meilleurs rôles dramatiques de l’acteur jusqu’ici, et comptez sur Denis Villeneuve pour profiter de chaque seconde de cette performance mémorable.

Jake Gyllenhaal a été reconnu pour son travail dans le film de Ang Lee, « Brokeback Mountain », ce qui a été son vrai moment de gloire. Des rôles comme dans « Jarhead » et « Zodiac », n’ont pas autant démontré, selon moi, tout ce qu’il pouvait faire en tant qu’acteur. En tant que Detective Loki, Gyllenhaal est ferme, professionnel, sérieux, et nous donne une des plus belles performances de l’année 2013. Il interprète un homme dénué de réelles émotions, et complètement accaparé par le mystère qui entoure les deux filles manquantes. Il orchestre aussi parfaitement les tiques et traits de caractère de Loki, sans en abuser.

Le film nous rappelle aussi à quel point Terrence Howard est un brillant acteur. L’acteur nominé aux Oscars en 2006 semblait être tombé dans l’oubli après sa nomination pour « Hustle and Flow », jusqu’à ce que le réalisateur Denis Villeneuve le recrute pour jouer dans son nouveau projet . C’est à travers ce film que l’acteur démontre ses réelles capacités en interprétant des personnages plus dynamiques et passionnés. Enfin, dans un film qui tourne autour de lui, Paul Dano n’offre pas grand chose, mais c’est parce qu’on lui donne très peu de scènes.

Excellent effort de Denis Villeneuve, sans toutefois être parfait

Le film n’est cependant pas tout à fait parfait. La profondeur du scénario de Aaron Guzikowski offre une grande histoire de mystère et pleine de rebondissements, quoiqu’un peu tirée par les cheveux. Mais ce n’est pas là où le film vacille tellement. Sa construction des homologues féminins, Maria Bello, Viola Davis et Melissa Leo, n’est pas très en place car pas du tout traitée. Elles ont chacune une «scène» qui nous montre leur caractère et un regard dans leur psyché cinématographique, mais ce n’est pas suffisant. Le réalisateur leur laisse malheureusement trop peu de place et les personnages féminins ne sont pas traités en profondeur, relégués au troisième plan.

D’une durée de 153 minutes, le film est détaillé, précis, et captivant à quasiment chaque instant. Peut-être aurait-il du être un peu plus court. Finalement, ce film nous permet vraiment de questionner la moralité humaine : la beauté du film réside dans le parallèle entre la justice, droite, impartiale, que l’on retrouve dans Loki, et la nature humaine, passionnée, déchaînée, que l’on retrouve dans Keller. A la fin du film, impossible de savoir qui de la victime et du bourreau est le plus coupable. Car les deux s’entremêlent constamment.

« Les prisonniers » est une magnifique réalisation et Denis Villeneuve livre un des suspense les plus marquants de l’année 2013.  Un must pour les amateurs de sensations fortes.